J’ai toujours quelques « perles » à raconter lors de mes tournées. Un jour, j’écrirai un livre là-dessus.
Cet été, le moment le plus insolite a été Morzine.
C’était la veille des Harleys days… comptez environ 5000 bikers dans une petite station de montagne et une harpiste déchargeant son instrument dans une église… totalement vide.
Suite à un malentendu entre l’office du tourisme et la paroisse, personne n’était là pour m’accueillir. Je ne demande pas le tapis rouge… mais un minimum d’accueil tout de même.
Au vu des bikers et du peu de publicité autour de mon récital, j’étais 1) fulminante 2) prête à partir quand quelques personnes sont arrivées pour demander si le concert avait bien lieu. Finalement, vers 21h, il y avait un peu plus d’une soixantaine de personnes. Alors pourquoi pas… Et c’est là que je réalise, que nous réalisons tous, à vrai dire … que n’ayant pas eu accès à la sacristie, il n’y a pas de lumière.
Je commence le concert, me congratulant in petto de consacrer toujours un peu de temps au travail les yeux fermés. Arrivé au Carnaval de Venise, cela devient vraiment difficile : je ne vois plus mes mains, nous sommes dans le noir total. Une jeune femme se lève subitement et part chercher tous les cierges de l’église.
C’était finalement un moment rare, que j’aurais regretté de ne pas avoir vécu. La musique en concert, c’est tout de même tellement plus vivant qu’en enregistrement. Voir l’artiste jouer, c’est beau, mais d’une certaine manière, cela détourne un peu d’attention de la musique elle-même.
On dit souvent que quand un sens manque les autres s’en trouvent développés. Le public a eu la sensation d’une écoute décuplée… moi, j’ai eu la sensation de la présence du publique au centuple…
Au final, c’était très impressionnant.